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C’est bien en vain que, par l’orgueil séduits,
Huet, Calmet, dans leur savante audace,
Du paradis ont recherché la place :
Le paradis terrestre est où je suis [1].

  1. Les curieux d’anecdotes seront bien aises de savoir que ce badinage, non seulement très-innocent, mais dans le fond très-utile, fut composé dans l’année 1736, immédiatement après le succès de la tragédie d’Alzire. Ce succès anima tellement les ennemis littéraires de l’auteur, que l’abbé Desfontaines alla dénoncer la petite plaisanterie du Mondain à un prêtre nommé Couturier, qui avait du crédit sur l’esprit du cardinal de Fleury. Desfontaines falsifia l’ouvrage, y mit des vers de sa façon, comme il avait fait à la Henriade. L’ouvrage fut traité de scandaleux, et l’auteur de la Henriade, de Mérope, de Zaïre, fut obligé de s’enfuir de sa patrie. Le roi de Prusse lui offrit alors le même asile qu’il lui a donné depuis ; mais l’auteur aima mieux aller retrouver ses amis dans sa patrie. Nous tenons cette anecdote de la bouche même de M. de Voltaire. (Note de Voltaire, 1752.) — Le texte de cette note, telle que je la reproduis, est de 1756 ; mais en 1752 il n’y avait que quatre mot de plus. Après le mot donné, on lisait : avec tant de grandeur. Voltaire était alors en Prusse. En 1736, il était sur les bords du lac de Genève. (B.)