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TRADUCTIONS.

pré sur le bord de l’Océan. Il joignit encore aux courroies du timon l’illustre Pédase. Achille avait pris ce cheval au sac de la ville d’Étion. Ce Pédase, quoique mortel, allait fort bien avec les chevaux immortels.

Achille fit prendre les armes à ses Myrmidons, allant par toutes les tentes avec des armes. Ils étaient comme des loups, dévorant de la chair crue, exerçant une grande force dans leurs entrailles, qui déchirent et mangent dans les montagnes un cerf aux grandes andouillées, après l’avoir tué. Leur mâchoire est toute rouge de sang ; et ils s’en vont en troupe, d’une fontaine aux eaux noires, boire à petites gorgées la superficie d’une eau noire que leur gueule mêle avec des grumeleaux de sang. Leur poitrine est intrépide, et leur large ventre est tendu fortement.

C’est ainsi que les chefs des Myrmidons, et les princes, accompagnaient le courageux serviteur d’Achille au pied léger ; et ils allaient d’un grand courage. Achille était au milieu d’eux, semblable à Mars, les exhortant, eux, et leurs chevaux, et leurs boucliers[1].


TRADUCTION LIBRE.


Tandis que les héros défenseurs du Scamandre
Mettaient la Grèce en fuite et ses vaisseaux en cendre,
Patrocle aux pieds d’Achille apportait ses douleurs.
Ses yeux étaient baignés de deux ruisseaux de pleurs ;
Il éclate en sanglots. Le fils de la déesse
D’un regard dédaigneux contemple sa faiblesse ;
Mais dans son fier courroux respectant l’amitié,
Indigné de ses pleurs, attendri de pitié :
« Quoi ! c’est l’ami d’Achille ! il m’apporte des larmes.
N’est-il qu’un faible enfant dont la mère en alarmes.
En pleurant avec lui, le serre entre ses bras ?
Est-ce avec des sanglots qu’on revient des combats ?
Qui peux-tu regretter ? Tes parents ni mon père
N’ont point de leurs vieux ans terminé la carrière.

  1. Ce sont là les 167 vers sur lesquels l’Académie a voulu qu’on travaillât ; si l’auteur a poussé son travail jusqu’au 217e vers, ce n’est que pour parvenir au moment où Patrocle va combattre. (Note de Voltaire.)