.S60 POÉSIES iMÈLÉES.
��ÉlMGRAMMEi.
��Savez-voiis pourquoi Jérémie A tant picun pondant sa vie? C'est qu'en propiiète il prévoyait Qu'un jour Lefranc le traduirait.
��218. — LES POUR -2.
(17G0)
Pour vivre en paix joyeusement, Croyez-moi, n'od'cnsez personne : C'est un petit avis qu'on donne Au sieur Lefranc de Pompignan,
i. Dans un Élooe de M. de La Marclw, par M. L. F., qui est dans le Nécrologe des Hommes célèbres de France, aniiéo 1770, on attribue à La Marche ce distique contre la traduction des Lamentations de Jérémie par feu l'abbc Gotin :
I.e triste Jérémie avec raison pleurait, Prévoyant bien qu'un jour Colin le traduirait.
M. Breghot du Lut, dans les .4rc7t(wes Jnstoriqiies et statistiques du départe- ment du Rhône, tome XIV, page 01, pense que M. L. F,, auteur de VEloge de La Marche, pourrait bien être Lefranc de Pompignan, et que les vers aussi pourraient bien être, non de La Marche, mais de l'auteur de son Éloge, c'est-à-dire de Lefranc lui-même. Cotte ingénieuse conjecture me semble très-probable. Comme le remarque M. Breghot, c'était de la part de Lefranc une manière adroite de détour- ner l'épigrammc que d'en faire soupçonner l'auteur de plagiat.
Mais l'ai bien d'autres doutes. Le quatrième vers présente, dans quelques impressions, une variante remarquable. On y lit : Que Baculard le traduirait.
Baculard d'Arnaud publia en effet les Lamentations de Jérémie, odes sacrées, 1752, in-4", qui ont eu plusieurs éditions; et dans les Poésies sacrées de Lefranc de f'ompi'jnan, il ne se trouve point de traductions de Jérémie; il y en a de Joël, dAbdias, de Aahum etd'Habacuc.
J'ai vainement cherché dans les éditions de Voltaire, données de son vivant, le quatrain sur la traduction de Jérémie. 11 me paraît difficile qu'il ait été fait contre Lefranc; il est probable au contraire qu'il l'a été contre Baculard^ qui, en 1750, s'était fort mal conduit envers Voltaire (voyez la lettre à d'Argental, du 15 mars 1751).
C'est auprès des pièces de 1 700 que les éditeurs de Kehl ont placé cette épigramme ; c'était une conséquence de la version qu'ils avaient adoptée. Il se peut que, lors des plaisanteries dont Lefranc fut l'objet en 1700, on ait rajeuni l'épigramme contre Baculard d'Arnaud, qui, si elle porte sur Baculard, doit être de 1752. (B.)
2. Cette pièce et les cinq qui la suivent sont dans le [{ecueil des facéties pari- siennes pour les six premiers mois de l'an 1700, imprimées sous ce titre : l'Assem- blée des monosyllabes, les Pour, les Que, les Qui, les Quoi, les Oui, et les Non. Voltaire disait à ce sujet qu'il avait fait passer Lefranc par les monosyllabes.
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