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POÉSIES MÊLÉES. SHI

198. — AU ROI DE PRUSSE.

(1751)

On dit que tout prédicateur Dément assez souvent ce qu'il annonce en chaire :

Grand roi, soit dit sans vous déplaire,

Vous êtes de la même humeur.

Vous nous annoncez avec zèle

Une importante vérité ; Et vous allez pourtant à l'immortalité,

En nous prêchant l'âme mortelle.

199. — AU MÊME. (1751)

Affublé d'un bonnet qui couvre de ses bords Le peu que les destins m'ont donné de visage. Sur un grabat étroit où gît mon maigre corps, Oublié des plaisirs, et mis au rang des morts, Que fais-je, à votre avis? J'enrage.

Il est vrai, Salomon, que dans un bel ouvrage Vous m'avez enseigné qu'il faut savoir vieillir,

Souffrir, mourir, s'anéantir. Faute de mieux, grand roi, c'est un parti fort sage.

Je fais assez gaîment ce triste apprentissage,

Du mal qui me poursuit je brave en paix les coups.

Je me sens assez de courage Pour affronter la nuit du ténébreux rivage.

Mais non pas pour vivre sans vous.

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