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THÉLEME ET MACARE[1]


Thélème est vive, elle est brillante ;
Mais elle est bien impatiente ;
Son œil est toujours ébloui,
Et son cœur toujours la tourmente.
Elle aimait un gros réjoui
D’une humeur toute différente.
Sur son visage épanoui
Est la sérénité touchante ;
Il écarte à la fois l’ennui,
Et la vivacité bruyante.
Rien n’est plus doux que son sommeil,
Rien n’est plus beau que son réveil ;
Le long du jour il vous enchante.
Macare est le nom qu’il portait.
Sa maîtresse inconsidérée
Par trop de soins le tourmentait :
Elle voulait être adorée.
En reproches elle éclata :
Macare en riant la quitta,
Et la laissa désespérée.
Elle courut étourdiment
Chercher de contrée en contrée
Son infidèle et cher amant,
N’en pouvant vivre séparée.
Elle va d’abord à la cour.
« Auriez-vous vu mon cher amour,
N’avez-vous point chez vous Macare ? »
Tous les railleurs de ce séjour

  1. L’édition originale de ce conte est intitulée Macare et Thélème, et contient la lettre au duc de La Vallière, du 6 février 1764. (B.)

    Voyez l’opinion de d’Alembert sur le mérite de ce conte, lettre du 22 février 1764.