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AVERTISSEMENT

Dans le recueil des Poésies mêlées, on a évité d’en multiplier trop le nombre, et d’en insérer qui fussent d’une autre main. Souvent ce choix a été assez difficile. Dans le cours d’un long ouvrage en vers, il eût été presque impossible d’imiter la grâce piquante, le coloris brillant, la philosophie douce et libre qui caractérisent toutes les poésies de Voltaire : son cachet ne pouvait être aussi reconnaissable dans quinze ou vingt vers presque toujours impromptus. II était plus aisé, en s’appropriant quelques-unes de ses idées et de ses tournures, d’atteindre à une imitation presque parfaite. D’ailleurs il n’a jamais voulu ni recueillir ces pièces, ni en avouer aucune collection. Celles qu’on en a publiées de son vivant, sous ses yeux, contenaient des pièces qu’il n’avait pu faire, et dont il connaissait les auteurs. C’était un moyen qu’il se réservait pour se défendre contre la persécution que chaque édition nouvelle de ses ouvrages réveillait. Il attachait très-peu de prix à ces bagatelles, qui nous paraissent si ingénieuses et si piquantes. L’à-propos du moment les faisait naître, et l’instant d’après il les avait oubliées. L’habitude de donner à tout une tournure galante, ou spirituelle. Ou plaisante, était devenue si forte, qu’il lui eiàt été presque impossible de s’exprimer d’une manière commune. Le travail de parler en rimes avait cessé d’en être un pour lui dans tous les genres oîi la familiarité n’est point un défaut. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il estimât peu ce qui ne lui coûtait rien, et que cette modestie ait été sincère.

K.

J’ai dû porter mon attention à faire disparaître des Poésies mêlées les pièces qui ne sont point de Voltaire. Voici à ce sujet quelques explications.

I. Le quatrain sur les sonneurs :

Persécuteurs du genre humain, etc.,

est imprimé dans la première édition du Ménagiana, qui est de 1693. Voltaire naquit l’année suivante.

II. Le madrigal :

Projets flatteurs d’engager une belle, etc.,

est formellement attribué au marquis de La Faye par un homme qui n’est pas disposé à dépouiller Voltaire, d’Alembert. Cette pièce est imprimée dans