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De m’arracher du sombre empire ?
Car je sais très-bien qu’il suffit
De quelques sons de votre lyre.
C’est ainsi qu’Orphée en usait
Dans l’antiquité révérée ;
Et c’est une chose avérée
Que plus d’un mort ressuscitait.
Croyez que dans votre gazette,
Lorsqu’on parlait de mon trépas,
Ce n’était pas chose indiscrète ;
Ces messieurs ne se trompaient pas.
En effet, qu’est-ce que la vie ?
C’est un jour : tel est son destin.
Qu’importe qu’elle soit finie
Vers le soir ou vers le matin ?




ÉPÎTRE CXXIII.


À MONSIEUR LE MARQUIS DE VILLETTE.
LES ADIEUX DU VIEILLARD[1].


À Paris, 1778.


Adieu, mon cher TiLulle, autrefois si volage,
Mais toujours chéri d’Apollon,
Au Parnasse fêté comme aux bords du Lignon,
Et dont l’amour a fait un sage.

Des champs élysiens, adieu, pompeux rivage.
De palais, de jardins, de prodiges bordé,
Qu’ont encore embelli, pour l’honneur de notre âge,
Les enfants d’Henri Quatre, et ceux du grand Condé.
Combien vous m’enchantiez, Muses, Grâces nouvelles,
Dont les talents et les écrits

  1. Quelques jours avant de mourir, Voltaire songeait à retourner à Ferney.