Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Libre et sans fard dans ses écrits.
On peut tout dire, on peut tout croire :
Plus d’un chemin mène à la gloire,
Et quelquefois au paradis.
ÉPÎTRE CXX.
À MONSIEUR LE MARQUIS DE VILLETTE[1].
(1777)
Mon Dieu ! que vos rimes en ine
M’ont fait passer de doux moments !
Je reconnais les agréments
Et la légèreté badine
De tous ces contes amusants
Qui faisaient les doux passe-temps
De ma nièce et de ma voisine.
Je suis sorcier, car je devine
Ce que seront les jeunes gens ;
Et je prévis bien dès ce temps[2]
Que votre muse libertine
Serait philosophe à trente ans :
Alcibiade en son printemps
Était Socrate à la sourdine.
Plus je relis et j’examine
Vos vers sensés et très-plaisants,
Plus j’y trouve un fond de doctrine[3]
Tout propre à messieurs les savants,
Non pas à messieurs les pédants
- ↑ Voltaire ayant envoyé au marquis de Villette une montre à répétition, à quantième, à secondes, et garnie de son portrait, Villette l’en avait remercié par une épître dont la première moitié est sur les rimes ine et ents. (B.)
- ↑ Variante :
Je m’aperçus bien dès ce temps. - ↑ Variante :
Plus j’y vois un fond de doctrine.