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Ainsi je m’occupais, sans suite et sans méthode,
De ces pensers divers où j’étais égaré,
Comme tout solitaire à lui-même livré,
Ou comme un fou qui fait une ode,
Quand Minerve, tirant les rideaux de mon lit,
Avec l’aube du jour m’apparut, et me dit :
« Tu trouveras partout la même impertinence ;
Les ennuyeux et les pervers
Composent ce vaste univers :
Le monde est fait comme la France. »
Je me rendis à la raison ;
Et, sans plus m’affliger des sottises du monde,
Je laissai mon vaisseau fendre le sein de l’onde,
Et je restai dans ma maison.




ÉPÎTRE CIII.


À BOILEAU,
OU MON TESTAMENT[1].


(1769)


ZoBoileau, correct auteur de quelques bons écrits,
Zoïle de Quinault, et flatteur de Louis,
Mais oracle du goût dans cet art difficile
Où s’égayait Horace, où travaillait Virgile,
Dans la cour du Palais je naquis ton voisin :
De ton siècle brillant mes yeux virent la fin ;

  1. Voltaire parle de cette épître dans sa lettre à d’Argental, du 12 mars 1769. Clément de Dijon y répondit par une pièce intitulée Boileau à Voltaire. C’est à cette réponse que Voltaire fait allusion dans le quatrième vers de son Épître à Horace (épître cxiv.)

    L’Épître à Boileau, l’Épître à l’auteur du livre des Trois Imposteurs, qui suit, et L’Épître à Saint-Lambert, cv, furent réunies, et intitulées les Trois Épîtres : il paraît qu’une édition fautive en fut donnée à Paris. C’est sous le même titre qu’elles sont à la fin du tome VI de l’Évangile du jour. Dans cette réimpression une note fut ajoutée à l’Épître à Saint-Lambert ; voyez page 407. (B.)