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Laissent éclore quelques fleurs,
On ne leur voit point les couleurs
Et l’éclat que le printemps donne :
Les bergères et les pasteurs
N’en forment point une couronne.
La Parque, de ses vilains doigts,
Marquait d’un sept avec un trois
La tête froide et peu pensante
De Fleury, qui donna les lois
À notre France languissante.
Il porta le sceptre des rois,
Et le garda jusqu’à nonante.
Régner est un amusement
Pour un vieillard triste et pesant,
De toute autre chose incapable ;
Mais vieux bel esprit, vieux amant,
Vieux chanteur, est insupportable.
C’est à vous, ô jeune Boufflers,
À vous, dont notre Suisse admire
Le crayon, la prose, et les vers,
Et les petits contes pour rire[1] ;
C’est à vous de chanter Thémire,
Et de briller dans un festin,
Animé du triple délire
Des vers, de l’amour, et du vin.




ÉPÎTRE XCVIII.


À MONSIEUR FRANÇOIS DE NEUFCHATEAU[2].


(1766)


Si vous brillez à votre aurore,
Quand je m’éteins à mon couchant ;

  1. Boufflers a écrit des lettres sur la Suisse et des petits contes, tels que Aline, reine de Golconde.
  2. Âgé de quinze ou seize ans. Il venait de publier un Recueil de poésies, qu’il avait envoyé à Voltaire.