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ÉPÎTRE LXXXVIII.


À MONSIEUR L’ABBÉ DE LA PORTE.


(1759[1])


Tu pousses trop loin l’amitié,
Abbé, quand tu prends ma défense ;
Le vil objet de ta vengeance
Sous ta verge me fait pitié.
Il ne faut point tant de courage
Pour se battre contre un poltron,
Ni pour écraser un Fréron,
Dont le nom seul est un outrage.
Un passant donne au polisson
Un coup de fouet sur le visage :
Ce n’est que de cette façon
Qu’on corrige un tel personnage,
S’il pouvait être corrigé.
Mais on le hue, on le bafoue,
On l’a mille fois fustigé :
Il se carre encor dans la boue ;
Dans le mépris il est plongé ;
Sur chaque théâtre on le joue :
Ne suis-je pas assez vengé ?




ÉPÎTRE LXXXIX.


À UNE JEUNE VEUVE.


Jeune et charmant objet à qui pour son partage
Le ciel a prodigué les trésors les plus doux,

  1. Dans son Observateur littéraire, 1759, t. II, p. 177, en rendant compte de la nouvelle édition des Œuvres de Voltaire, l’abbé de La Porte avait dit : « J’ai saisi plus d’une fois l’occasion de rendre à cet illustre auteur l’hommage que la