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« Misérables ! c’est vous qui méritez de l’être,
Dit le prince éclairé, prenant un ton de maître :
Dans un lâche repos vous m’aviez corrompu[1].
Je dois tout à ce Turc, et tout à ma maîtresse.
Vous m’aviez fait dévot, vous trompiez ma jeunesse :
Le malheur et l’amour me rendent ma vertu.
Allez, brave Abdala ; je dois vous rendre grâce
D’avoir développé mon esprit et mon cœur.
C’est à vous que je dois mon repos, mon bonheur.
De leçons désormais il faut que je me passe ;
Je vous suis obligé ; mais n’y revenez pas.
Soyez libre, partez ; et si les destinées
Vous donnent trois fripons pour régir vos États,
Envoyez-moi chercher ; j’irai, n’en doutez pas,
Vous rendre les leçons que vous m’avez données. »
- ↑ Variante :
Dans un lâche repos vous m’aviez corrompu ;
Vous m’aviez fait dévot, vous trompiez ma jeunesse ;
Je n’aurais jamais su ce que c’est que vertu :
Je dois tout à ce Turc, et tout à ma maîtresse ;
Le malheur et l’amour me rendent ma valeur.
Allez, brave Abdala ; je dois vous rendre grâce
D’avoir développé mon esprit et mon cœur.
De leçons désormais il faut que je me passe ;
Je vous suis obligé ; mais n’y revenez pas.
Soyez libre, et partez ; etc.