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Donne sa bénédiction
À plus d’une armée étrangère,
Que fait mon héros à Berlin ?
Il réfléchit sur la folie
Des conducteurs du genre humain ;
Il donne des lois au destin,
Et carrière à son grand génie ;
Il fait des vers gais et plaisants ;
Il rit en donnant des batailles ;
On commence à craindre à Versailles
De le voir rire à nos dépens[1].
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ÉPÎTRE LXIV.
AU MÊME.
(1744)
Ceux qui sont nés sous un monarque[2]
Font tous semblant de l’adorer ;
- ↑ Frédéric s’était détaché de la France.
- ↑ Le commencement de l’épître est différent dans quelques copies.
Grand roi, la longue maladie
Qui va rongeant l’étui malsain
De mon âme assez engourdie,
Et de plus une comédie
Que je fais pour notre dauphin,
Et que j’ai peur qui ne l’ennuie,
Tout cela retenait ma main ;
Et souvent je donnais en vain
Des secousses à mon génie,
Pour qu’il envoyât dans Berlin
Quelque nouvelle rapsodie,
Quelque rondeau, quelque huitain,
Au vainqueur de la Silésie,
À ce bel esprit souverain,
À ce grand homme un peu malin,
Chez qui j’aurais passé ma vie,
Si j’avais à ma fantaisie
Pu disposer de mon destin.
En vain vous m’appelez volage,
Toujours dans un noble esclavage