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Sans languir un moment, ressemble à ses exploits.
Il dit tout en deux mots, et fait tout en deux mois.
Ô ciel ! veillez sur lui, si vous aimez la terre :
Écartez loin de lui les foudres de la guerre ;
Mais écartez surtout les poignards des dévots.
Que le fou Loyola défende à ses suppôts
D’imiter saintement, dans les champs germaniques,
Des Châtels, des Cléments, les forfaits catholiques.
Je connais trop l’Église et ses saintes fureurs.
Je ne crains point les rois, je crains les directeurs ;
Je crains le front tondu d’un cuistre à robe noire,
Qui, du vieux Testament lisant du nez l’histoire,
D’Aod et de Judith admirant les desseins,
Prêche le parricide, et fait des assassins.
Il sait d’un fanatique enhardir la faiblesse.
Un sot à deux genoux, qui marmotte à confesse
La liste des péchés dont il veut le pardon,
Instrument dangereux dans les mains d’un fripon,
Croit tout, est prêt à tout ; et sa main frénétique
Respecte rarement un héros hérétique.




ÉPÎTRE LX.


AU MÊME[1].


Ce 20 avril 1741.


Eh bien ! mauvais plaisants, critiques obstinés,
Prétendus beaux esprits, à médire acharnés,
Qui, parlant sans penser, fiers avec ignorance,
Mettez légèrement les rois dans la balance ;
Qui d’un ton décisif, aussi hardi que faux,
Assurez qu’un savant ne peut être un héros ;
Ennemis de la gloire et de la poésie,
Grands critiques des rois, allez en Silésie ;
Voyez cent bataillons près de Neiss écrasés :

  1. Cette épître fut écrite à la nouvelle de la victoire de Molwith.