L’esprit semble écouter la voix de l’Éternel.
Vous à qui cette voix se fait si bien entendre,
Comment avez-vous pu, dans un âge encor tendre,
Malgré les vains plaisirs, ces écueils des beaux jours[1],
Prendre un vol si hardi, suivre un si vaste cours ?
Marcher, après Newton, dans cette route obscure
Du labyrinthe immense où se perd la nature ?
Puissé-je auprès de vous, dans ce temple écarté,
Aux regards des Français montrer la Vérité !
Tandis qu’Algarotti[2], sûr d’instruire et de plaire,
Vers le Tibre étonné conduit cette étrangère,
Que de nouvelles fleurs il orne ses attraits,
Le compas à la main j’en tracerai les traits ;
De mes crayons grossiers je peindrai l’immortelle,
Cherchant à l’embellir, je la rendrais moins belle :
Elle est, ainsi que vous, noble, simple, et sans fard.
Au-dessus de l’éloge, au-dessus de mon art.
ÉPÎTRE LII.
Prince, il est peu de rois que les muses instruisent :
Peu savent éclairer les peuples qu’ils conduisent.
Le sang des Antonins sur la terre est tari ;
Car, depuis ce héros de Rome si chéri,
- ↑ Variante :
Malgré les vains plaisirs, cet écueil des beaux jours. - ↑ M. Algarotti, jeune Vénitien, faisait imprimer alors à Venise un traité sur la lumière, Newtonianismo per le Dame, dans lequel il expliquait l’attraction. (Note de Voltaire, 1742.) M. de Voltaire fut le premier en France qui expliqua les découvertes de Newton. (Id., 1756.)