Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Élève harmonieux du cygne de Mantoue,
Vous allez donc aussi, sous le ciel des frimas,
Porter, en grelottant, la lyre et le compas,
Et, sur des monts glacés traçant des parallèles,
Faire entendre aux Lapons vos chansons immortelles ?

Allez donc, et du pôle observé, mesuré,
Revenez aux Français apporter des nouvelles.
Cependant je vous attendrai,
Tranquille admirateur de votre astronomie,
Sous mon méridien, dans les champs de Cirey,
N’observant désormais que l’astre d’Émilie.
Échauffé par le feu de son puissant génie,
Et par sa lumière éclairé,
Sur ma lyre je chanterai
Son âme universelle autant qu’elle est unique ;
Et j’atteste les cieux, mesurés par vos mains,
Que j’abandonnerais pour ses charmes divins
L’équateur et le pôle arctique[1].




ÉPÎTRE XLIX.


À MONSIEUR DE SAINT-LAMBERT.


(1736)


Mon esprit avec embarras
Poursuit des vérités arides ;
J’ai quitté les brillants appas
Des muses, mes dieux et mes guides,
Pour l’astrolabe et le compas
Des Maupertuis et des Euclides.
Du vrai le pénible fatras

  1. L’épître à M. Berger, en vers de quatre syllabes, qui est ici dans quelques éditions, fait partie de la lettre au même, de janvier 1736. On peut la voir dans la Correspondance.