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C’est là qu’on trouve la Gaîté,
Cette sœur de la Liberté,
Jamais aigre dans la satire,
Toujours vive dans les bons mots,
Se moquant quelquefois des sots,
Et très-souvent, mais à propos[1],
Permettant au sage de rire.
Que le ciel bénisse le cours
D’un sort aussi doux que le vôtre !
Martel, l’automne de vos jours
Vaut mieux que le printemps d’une autre.




ÉPÎTRE XXXVIII.


À MADEMOISELLE GAUSSIN[2],
QUI A REPRÉSENTÉ LE RÔLE DE ZAÏRE AVEC BEAUCOUP DE SUCCÈS.


(1732[3])


Jeune Gaussin, reçois mon tendre hommage,
Reçois mes vers au théâtre applaudis ;
Protége-les : Zaïre est ton ouvrage ;
Il est à toi, puisque tu l’embellis.
Ce sont tes yeux, ces yeux si pleins de charmes,
Ta voix touchante, et tes sons enchanteurs,
Qui du critique ont fait tomber les armes ;
Ta seule vue adoucit les censeurs.
L’Illusion, cette reine des cœurs,
Marche à ta suite, inspire les alarmes,
Le sentiment, les regrets, les douleurs,
Et le plaisir de répandre des larmes.

  1. Variante :
    Si rarement, mais à propos.
    Se tenant les côtés de rire.
  2. Voyez tome Ier du Théâtre, page 534.
  3. Voltaire parle de ses versiculets dans la lettre à Cideville, du 15 novembre 1732. (B.)