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De vieux citadins de Nancy,
Et des moines de Commercy,
Avec l’attribut de Lorraine[1],
Que nous rapporterons d’ici :
De ces lieux, où l’ennui foisonne,
J’ose encore écrire à Paris,
Malgré Phébus qui m’abandonne,
J’invoque l’Amour et les Ris ;
Ils connaissent peu ma personne ;
Mais c’est à Pallu que j’écris :
Alcibiade me l’ordonne[2],
Alcibiade, qu’à la cour
Nous vîmes briller tour à tour
Par ses grâces, par son courage,
Gai, généreux, tendre, volage,
Et séducteur comme l’Amour,
Dont il fut la brillante image,
L’Amour, ou le Temps, l’a défait
Du beau vice d’être infidèle :
Il prétend d’un amant parfait
Être devenu le modèle.
J’ignore quel objet charmant
A produit ce grand changement,
Et fait sa conquête nouvelle ;
Mais qui que vous soyez, la belle,

  1. Voyez Pantagruel, liv. II, chap, ier, et liv. III, chap. viii.
  2. M. le maréchal de Richelieu,
    Alcibiade me l’ordonne :
    C’est l’Alcibiade français,
    Dont vous admiriez le succès
    Chez nos prudes, chez nos coquettes,
    Plein d’esprit, d’audace, et d’attraits,
    De vertus, de gloire, et de dettes.
    Toutes les femmes l’adoraient ;
    Toutes avaient la préférence ;
    Toutes à leur tour se plaignaient
    Des excès de son inconstance.
    Qu’à grand’peine elles égalaient.
    L’Amour, etc.

    Autre variante :

    Alcibiade me l’ordonne.
    Cet Alcibiade inconstant
    En tout lieu porta si gaîment
    Ses attraits et son cœur volage,
    Plus trompeur que le dieu charmant
    Dont il fut le prêtre et l’image.
    Toutes les femmes, etc.