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Grands dieux ! me faudra-t-il regretter le trépas ?
M’aurait-elle oublié ? serait-elle volage ?
Que dis-je ? malheureux ! où vais-je m’engager ?
Quand on porte sur le visage
D’un mal si redouté le fatal témoignage,
Est-ce à l’amour qu’il faut songer ?




ÉPÎTRE XXVI.


À LA REINE[1],
EN LUI ENVOYANT LA TRAGÉDIE DE MARIAMNE.


(1725)


Fille de ce guerrier qu’une sage province
Éleva justement au comble des honneurs,
Qui sut vivre en héros, en philosophe, en prince,
Au-dessus des revers, au-dessus des grandeurs ;
Du ciel qui vous chérit la sagesse profonde
Vous amène aujourd’hui dans l’empire françois,
Pour y servir d’exemple et pour donner des lois.
La fortune souvent fait les maîtres du monde ;
Mais, dans votre maison, la vertu fait les rois.
Du trône redouté que vous rendez aimable,
Jetez sur cet écrit un coup d’œil favorable ;
Daignez m’encourager d’un seul de vos regards ;
Et songez que Pallas, cette auguste déesse
Dont vous avez le port, la bonté, la sagesse.
Est la divinité qui préside aux beaux-arts[2].



  1. Marie Leczinska, fille de Stanislas, roi de Pologne, mariée à Louis XV en 1725. (K.)
  2. L’épître à la marquise de Prie, que Bouchot et d’autres éditeurs ont placée ici, est dans le tome Ier du Théâtre, page 245.