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Au défaut du tempérament
Dont vous vous vantez hardiment,
Et que tout le monde vous nie,
La dame qui depuis longtemps
Connaît à fond votre personne
A dit : « Hélas ! je lui pardonne
D’en vouloir imposer aux gens ;
Son esprit est dans son printemps,
Mais son corps est dans son automne. »
Adieu, monsieur le gouverneur.
Non plus de province frontière,
Mais d’une beauté singulière
Qui, par son esprit, par son cœur,
Et par son humeur libertine,
De jour en jour fait grand honneur
Au gouverneur qui l’endoctrine.
Priez le Seigneur seulement
Qu’il empêche que Cythérée
Ne substitue incessamment
Quelque jeune et frais lieutenant,
Qui ferait sans vous son entrée
Dans un si beau gouvernement.




ÉPÎTRE XXIV.


À MADAME DE ***[1].


Il est au monde une aveugle déesse[2]
Dont la police a brisé les autels ;
C’est du Hocca la fille enchanteresse.
Qui, sous l’appât d’une feinte caresse,
Va séduisant tous les cœurs des mortels.

  1. Cette épître a été imprimée à la suite de la Ligue (Henriade), Amsterdam, J.-F. Bernard, 1724, in-12 ; édition faite à Évreux, et donnée par l’abbé Desfontaines. (B.)
  2. Celle qui présidait au jeu du biribi, fort à la mode alors. (K.)