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Dieu conserve pour lui le plus pur de notre être,
Et n’anéantit point ce qu’il daigne éclairer[1].




ÉPÎTRE XVIII.


AU ROI D’ANGLETERRE, GEORGE Ier,
EN LUI ENVOYANT LA TRAGÉDIE D’ŒDIPE.


(1719)


Toi que la France admire autant que l’Angleterre,
Qui de l’Europe en feu balances les destins ;
Toi qui chéris la paix dans le sein de la guerre,
Et qui n’es armé du tonnerre
Que pour le bonheur des humains ;
Grand roi, des rives de la Seine
J’ose te présenter ces tragiques essais :
Rien ne t’est étranger ; les fils de Melpomène
Partout deviennent tes sujets.

Un véritable roi sait porter sa puissance
Plus loin que ses États renfermés par les mers :
Tu règnes sur l’Anglais par le droit de naissance ;
Par tes vertus, sur l’univers.

Daigne donc de ma muse accepter cet hommage
Parmi tant de tributs plus pompeux et plus grands
Ce n’est point au roi, c’est au sage,
C’est au héros que je le rends.



  1. Ces quatre derniers vers ne se trouvent pas dans les deux premières éditions de 1739 et 1740. (K.)