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Un plus beau ciel, un plus beau jour
Si l’on pouvait de ce séjour
Exiler la Tracasserie ?
Évitons ce monstre odieux,
Monstre femelle, dont les yeux
Portent un poison gracieux,
Et que le ciel en sa furie,
De notre bonheur envieux,
A fait naître dans ces beaux lieux
Au sein de la galanterie.
Voyez-vous comme un miel flatteur
Distille de sa bouche impure ?
Voyez-vous comme l’Imposture
Lui prête un secours séducteur[1] ?
Le Courroux étourdi la guide,
L’Embarras, le Soupçon timide[2],
En chancelant suivent ses pas.
Des faux rapports l’Erreur avide
Court au-devant de la perfide,
Et la caresse dans ses bras.
Que l’Amour, secouant ses ailes,
De ces commerces infidèles
Puisse s’envoler à jamais !
Qu’il cesse de forger des traits[3]
Pour tant de beautés criminelles,
Et qu’il vienne, au fond du Marais[4],
De l’innocence et de la paix
Goûter les douceurs éternelles !

Je hais bien tout mauvais rimeur
De qui le bel esprit baptise

  1. Variante :
    Lui prête un secours séducteur ?
    La Vengeance au regard livide,
    Portant un flambeau qui la guide,
    Dans la nuit éclaire ses pas.
    De faux rapports, etc.
  2. Variante :
    La Crainte, le Soupçon timide.
  3. Variante :
    .... ses traits
  4. Variante :
    Chez Devaux, au fond du Marais,
    Qu’il vienne de l’aimable paix, etc.