LA TACTIQUE
(1773)
J'étais lundi passé chez mon libraire Caille -, Qui, dans son magasin, n'a souvent rien qui vaille. « J'ai, dit-il, par bonheur \ un ouvrage nouveau, Nécessaire aux humains, et sage autant que beau. C'est à l'étudier qu'il faut que l'on s'applique ; Il fait seul nos destins : prenez, c'est la Tactique.
— La Tactique! lui dis-je : hélas! jusqu'à présent J'ignorais la valeur de ce mot si savant.
— Ce nom*, répondit-il, venu de Grèce en France,
1. La Tactique fut composée au commencement de novembre 1773. En l'en- voyant à l'abbé de Voisenon, le 19 novembre, Voltaire lui disait l'avoir faite il y a une quinzaine de jours, après avoir eu chez lui le comte de Guibeit, qui avait public un Essai' général de Tactique (voyez dans le tome VI du Théâtre, la note 5 de la page 244). La pièce de Voltaire blessa vivement le roi de Prusse. A la lettre de Voltaire du 8 décembre 1773, il fit, le 4 janvier 1774, une réponse ironique. Le dépit perce encore dans la lettre du 9 février.
La Tactique circula d'abord en manuscrit ; la première édition, qui doit avoir été donnée par l'abbé de Voisenon, est intitulée la Tactique, pièce de vers de M. de Voltaire, envoyée de Ferneij, par l’auteur, à M. Pabbé de Voisenon, le 30 novem- bre 1773, in-S*) de buit pages. Les pages 7 et 8 contiennent la Réponse de M. Vabbé de Voisenon, en trente vers de huit syllabes. Une autre édition, qui dut suivre de près, a pour titre : la Tactique, par M. de Voltaire, avec quelques épitres tiouvelles du même auteur, et les réponses qui y ont été faites, in-S» de 32 pages. Les vers attribués à M. de Voltaire au sujet d'une ordonnance de Sa Sainteté qui défend un abus très-condamnable, qui sont page 23, sont de Bordes ; les douze premiers ne sont pas reproduits dans la réimpression qui fait partie du tome XIII de l'Évangile du jour, où la pièce est intitulée Vers sur un bref attribué au pape Clémeiit XIV, contre la castration.
Dans le premier volume de janvier 1774, le Mercure contient la Tactique, que Voltaire fit, à la fin de la même année, réimprimer à la suite de Don Pèdre: voyez tome VI du Théâtre, page 239. (B.)
2. Le libraire Caille, donr. il est ici question, était de Genève, et y habitait; piqué du second vers où il est accusé de n'avoir souvent rien qui vaille, il fit affi- cher qu'il ne vendait que les ouvrages de M. de Voltaire. (B.)
3. Variante :
Par malheur.
4. Variante :
Ce mot
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