Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/149

Cette page n’a pas encore été corrigée

[63] KLOCE DE L'HYPOCRISIE. -139

Pour être pape, il se conduit fort bien.

Mais toi, pauvre homme, excrément de collège,

Dis-moi quel bien, quel rang, quel privilège

11 te revient de ton maintien cagot.

Tricher au jeu sans gagner est d'un sot.

Le monde est fin. Aisément on devine,

On reconnaît le cal'ard à la mine.

Chacun le hue : on aime à décrier

Un charlatan qui fait mal son métier.

— Mais convenez que du moins mes confrères

.M'applaudiront. — Tu ne les connais guôres.

Dans leur tripot on les a vus souvent

Se comporter comme on fait au couvent.

Tout penaillon y vante sa besace.

Son institut, ses miracles, sa crasse ;

Mais, en secret l'un de l'autre jaloux.

Modestement ils se détestent tous.

Tes ennemis sont parmi tes semblables.

Les gens du monde au moins sont plus traitables.

Ils sont railleurs ; les autres sont méchants.

Crains les sifflets, mais crains les malfaisants.

Crois-moi, renonce à la cagoterie;

Mène uniment une plus noble vie ;

Rougissant moins, sois moins embarrassé.

Que ton cou tors, désormais redressé.

Sur son pivot garde un juste équilibre.

Lève les yeux, parle en citoyen libre :

Sois franc, sois simple; et, sans affecter rien,

Essaye un peu d'être un homme de bien. »

Le mécréant alors n'osa répondre. J'étais sincère, il se sentait confondre. Jl soupira d'un air sanctifié ; Puis détournant son œil humilié. Courbant en voûte une part de l'échiné, Et du menton se battant la poitrine. D'un pied cagneux il alla chez Fanchon Pour lui parler de la religion.

lui qui était si fier et si dur. Voilà pourquoi M. Robert Covelle dit que Sixte-Quint se déguise en cliréticn : avec sa permission, je trouve ce terme un peu liardi. {Note posthume.) — Cest sous le nom de Robert Covelle que Voltaire a publié la Lettre curieuse à la louange de Vernet. Il suppose ici que c'est encore de Robert Covelle qu'est la satire de V Hypocrisie. (B.)

�� �