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ELOGE DE L'HYPOCRISIE'

(1760»)

Mes cliers amis, il me prend fantaisie De vous parler ce soir d'hypocrisie. Grave Vernct, soutiens ma faible voix : Plus on est lourd, plus on parle avec poids.

Si quelque belle à la démarche fière, Aux gros tétons, à l'énorme derrière, Étale aux yeux ses robustes appas, Les rimailleurs la nommeront Pallas. Une beauté jeune, fraîche, ingénue, S'appelle Hébé ; Vénus est reconnue A son sourire, à l'air de volupté Qui de son charme embellit la beauté. Mais si j'avise un visage sinistre. Un front hideux, l'air empesé d'un cuistre, Ln cou jauni sur un moignon penché. Un œil de porc à la terre attaché (Miroir d'une ûme à ses remords en proie, Toujours terni, de peur qu'on ne la voie). Sans hésiter, je vous déclare net Que ce magot est Tartuffe, ou Vernet.

C'est donc à toi, Vernet, que je dédie Ma très-honnête et courte rapsodie Sur le sujet de notre ami Guignard^,

1 . Cette pièce fut faite dans le temps où les piètres genevois s'avisèrent, pour prouver qu'ils n'étaient pas sociniens, d'essayer s'ils ne pourraient pas rappeler dans Genève les beaux jours où Calvin brûlait, proscrivait, exilait, et gouvernait au nom de Dieu. Les esprits étaient changés, et on so moqua d'eux. (K.)

2. Cette pièce est, pour le plus tard, du mois de mai 1766; elle est antérieure à la Lettre curieuse de Robert Covelle, où elle est rappelée. C'est aussi contre Vernet que cette satire est dirigée. En la reproduisant Tannée suivante dans la vingt-cin- quième de sca Honnêtetés littéraires. Voltaire l'intitula Maître Guignard, ou de l'Hy- pocrisie, diatribe par M. Robert Covelle, dédiée à M. Isaac Démet, prédicant de Car- cassortne. Dans le tome XXVIII de l'édition in-4o, au lieu de Remet on litLarnet. (B.)

3. Nom de jésuite. (G. A.)

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