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DIALOGUE

D'UN PARISIEN ET D'UN RUSSE

(17001)

��LE PARISIEN.

Vous avez donc franchi les mers hyperborées, Ces immenses déserts et ces froides contrées Où le fils d'Alexis, instruisant tous les rois, A fait naître les arts, et les mœurs, et les lois? Pourquoi vous dérober aux sept astres de l'Ourse, Beaux lieux où nos Français, dans leur savante course, Allèrent, de Borée arpentant l'horizon. Geler auprès du pôle aplati par Newton^ ;

��1. C'est encore le 30 juin, mais dans une lettre à Thioriot, que Voltaire parle, pour la première fois, du Russe à Paris. La préface et son intitule sont dans les premières éditions in-4" et in-8°. Dix ans après parut le Nouveau Russe à Paris, épître à madame Reich, par M. de Tclierebatoff, 1770, in-8°. C'est une épître en vers et en prose à la louange de madame Reich , actrice de l'Opéra ; Grimm parle de cette pièce dans sa Correspondance (avril 1770). C'est Leclerc des Vos- ges qui est auteur de la satire politique intitulée le Russe à Paris, etc., par M. Peters-Subicathekoff, an VII (1708), in-8". L'auteur fut persécuté. De nos jours M. Briffaut a fait imprimer dans la Gazette de France, du 22 décembre 18 12, un dialogue en vers intitulé le Temps passé et le Temps présent, qu'il a reproduit dans ses Dialogues, Contes, etc., 1824, deux volumes in-18. (B.)

2. Ce furent Huygens et Newton qui prouvèrent, le premier par la théorie des forces centrifuges, le second par celle de la gravitation, que le globe doit être un peu aplati aux pôles, et un peu élevé à l'équateur; que par conséquent les degrés du méridien sont plus petits à l'équateur, et au pôle un peu plus longs. La diffé- rence, selon Newton, est d'un deux-cent-trentième, et, selon Huygens, d'un cinq- cent-soixante-ct-dix-hiiitième.

On trouva au contraire, par les mesures prises en France, que les degrés du méridien étaient plus grands au sud qu'au nord. De là on conclut que la terre était aplatie au pôle, comme Newton et Huygens l'avaient prouve par une théorie sûre. C'était tout justement le contraire de ce qu'on devait conclure. Les mesures de France étaient fausses, et la conclusion plus fausse encore.

Cette affaire ne fut portée ni au parlement ni en Sorbonno, comme celle de l'inoculation v a été déférée. L'Académie des sciences se rétracta au bout de vingt

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