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<04 LE PAUVRE DLVBLE.

Comme on fondait avec lourde roideur Sur l'écrivain pauvre et sans protecteur. Je m'enrôlai, je servis le corsaire ; Je critiquai, sans esprit et sans choix ^ Impunément le théâtre, la chaire, Et je mentis pour dix écus par mois.

(' Quel fut le prix de ma plate manie? Je fus connu, mais par mon infamie, Comme un gredin que la main de Thémis A diapré- de nobles fleurs de lis, Par un fer chaud gravé sur l'omoplate. Triste et honteux, je quittai mon pirate, Qui me vola, pour fruit de mon labeur, xMon honoraire, en me parlant d'honneur.

« M'étant ainsi sauvé de sa boutique, Et n'étant plus compagnon satirique. Manquant de tout, dans mon chagrin poignant, J'allai trouver Lefranc de Pompignan^

��1. Variante

��2. Variante

��Je critiquai sans esprit et sans chois ; Et je mentis pour dix écus par mois Commo un laquais : je parvins à déplaire Même eu province, à tel point que parfois De nos écrits on fit de vils emplois.

��Avait saufré.

��3. L'homme dont il s'agit ici était d'ailleurs un magistrat et un homme de lettres et de mérite. Il eut le malheur de prononcer à l'Académie un discours peu mesuré, et même très-offensant. Il est vrai que sa tragédie de Didon est faite sur le modèle de celle de Metastasio; mais aussi il y a de beaux morceaux qui sont à l'auteur français. Il faut avouer qu'en général la pièce est mal écrite. 11 n'y a qu'à voir le commencement :

Tous mes ambassadeurs, irrités et confus, Trop souvent de la reine ont subi les refus. Voisin de ses États, faibles dans leur naissance, Je croyais que Didon, redoutant ma vengeance, Se résoudrait sans peine à l'hymen glorieux D'un monarque puissant, fils du maître des dieux. Je contiens cependant la fureur qui m'anime ; Et déguisant encor mon dépit légitime, Pour la dernière fois, en proie à ses hauteurs, Je viens sous le faux nom de mes ambassadeurs. Au milieu do la cour d'une reine étrangère, D'un refus obstiné pénétrer le mystère; Que sais-je?... n'écouter qu'un transport amoureux.

Des ambassadeurs ne subissent point des refus; on essuie, on reçoit des refus. Si tous ses ambassadeurs irrités et confus ont subi des refus, comment ce Jarbe

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