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HISTOIRE POSTHUME

La seconde à droite :

Il faut aimer et servir l’Être suprême, malgré les superstitions et le fanatisme qui déshonorent si souvent son culte.

La seconde à gauche : Il faut aimer sa patrie, quelque injustice qu’on y essuie.

La troisième à droite :

J’ai fait un peu de bien, c’est mon meilleur ouvrage.
Mon séjour est charmant, mais il était sauvage...
La nature y mourait, je lui portai la vie ;
J’osai ranimer tout : ma paisible industrie
Rassembla des colons par la misère épars ;
J’appelai les métiers qui précèdent les arts.

La troisième à gauche :

Si ton insensible cendre
Chez les morts pouvait entendre
Tous ces cris de notre amour,
Tu dirais dans ta pensée :
Les dieux m’ont récompensée
Quand ils m’ont ôté le jour.

La quatrième à droite :

Nous lisons tes écrits, nous les baignons de larmes.

La quatrième à gauche :

Tout passe, tout périt, hors ta gloire et ton nom :
C’est là le sort heureux des vrais fils d’Apollon.

On entrait dans cette salle par une voûte obscure et tendue de noir, au-dessus de laquelle était une tribune pour l’orchestre, composé des plus célèbres musiciens ; le F Piccini dirigeait l’exécution.

Plus loin, et à cinquante-deux pieds de distance, on montait par quatre marches à l’enceinte des grands-officiers, au haut de laquelle était le tombeau surmonté d’une grande pyramide gardée par vingt-sept FF, l’épée nue à la main. Sur le tombeau étaient peintes : d’un côté, la Poésie ; de l’autre, l’Histoire pleurant la mort de Voltaire, et sur le milieu on lisait ce vers tiré de la Mort de César :

La voix du monde entier parle assez de sa gloire.

En avant étaient trois tronçons de colonnes sur lesquels étaient des vases où brûlaient des parfums ; sur celui du milieu on avait placé les œuvres de Voltaire et des couronnes de laurier.