a me Vagniere mes pelisses, mes habits de velours et les vestes de brocard ; a chaque domestique de la maison une année de ses gages,
Aux pauvres de la paroisse trois cent livres, s’il y a des pauvres. Je prie M. le curé de Ferney d’accepter un petit diamant de cinq cent livres.
Jespere que madame Denis sera aidée dans l’execution de mon testament par M. lavocat Christin a qui jay fait une donation de quinze cent francs dans cette intention.
Ferney, 5 juin 1777. — Nous sommes arrivés ici à notre retour d’Italie : nous avons eu le bonheur d’en voir le seigneur, et nous en avons été d’autant plus flattés qu’il devient très-sauvage, et que nous avions rencontré dans notre route plusieurs grands et notables personnages qu’il avait refusés. Il a passé la journée entière avec nous. L’endroit de sa terre qu’il nous a montré avec le plus de complaisance, c’est l’église. On lit en haut, en lettres d’or : Deo erexit Voltaire. L’abbé Delille s’écria : « Voilà un beau mot entre deux grands noms ! Mais est-ce le terme propre ? ajouta-t-il en riant. Ne faudrait-il pas dicavit, sacravit ? — Non, non, » répondit le patron. Fanfaronnade de vieillard. Il nous fit observer son tombeau, à moitié dans l’église et à moitié dans le cimetière : « Les malins, continua-t-il, diront que je ne suis ni dehors ni dedans. » La religion l’occupe toujours beaucoup. En gémissant sur la petitesse de ce lieu saint, il dit : « Je vois avec douleur aux grandes fêtes qu’il ne peut contenir tout le sacré troupeau ; mais il n’y avait que 50 habitants dans ce village quand j’y suis venu, et il y en a 1,200 aujourd’hui. Je laisse à la piété de Mme Denis à faire une autre église. » En parlant de Rome, il nous demanda si cette belle basilique de Saint-Pierre était toujours bien sur ses fondements ? Sur ce que nous lui dîmes que oui, il s’écria : Tant pis !
Ferney, 10 juin 1777. — Pour vous continuer notre relation, nous vous ajouterons que M. de Voltaire, devant toujours exercer sa bienfaisance envers quelqu’un, n’ayant plus le Père Adam, et étant brouillé avec Mme Dupuits, ci-devant Mlle Corneille, a pris chez lui Mlle de Varicour, fille de condition, dont le père est officier des gardes du corps, mais pauvre et
- ↑ Insérés dans Les Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en 1777.