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DOCUMENTS BIOGRAPHIQUES.

crainte de la mort, dont il n’avait point l’air de redouter les suites ; qu’il ne témoigna jamais, ni sain ni malade, le moindre remords des ouvrages qu’on lui a attribués contre la religion chrétienne ; qu’au contraire, il était aveuglé au point de témoigner le plus vif chagrin en pensant qu’il mourrait avant que quelques-uns de ceux auxquels il travaillait alors fussent finis.

Quoique rien ne puisse justifier une pareille conduite, cependant elle me paraît, si l’on admet les raisons que ses amis en donnent, plus conséquente et moins blâmable qu’elle ne le serait s’il écrivait contre les opinions reçues, le témoignage de sa conscience et les livres divins, uniquement pour s’attirer les applaudissements d’un petit nombre d’incrédules.

Quoique dans l’erreur, je ne saurais le soupçonner d’une pareille absurdité ; au contraire, j’imagine qu’aussitôt qu’il sera pleinement convaincu des vérités du christianisme il s’empressera d’en faire une profession publique, et persistera jusqu’à son dernier soupir.



LXIII.


TESTAMENT DE VOLTAIRE[1].
MON TESTAMENT.
À Ferney, ce 30 septbre 1776.

Jinstitue madame Denis ma niece mon heritiere universelle. Je legue a Mr  labbé Mignot mon neveu le tiers de trois cent mille francs de contrats qui sont entre les mains de M. Duclos notaire a Paris. Mr Dompierre Dhornoi devant avoir par ma donation dans son contrat de mariage, cent mille francs de ces memes effets, les cent mille restants appartiennent de droit a madame Denis.

Je legue a Monsieur Vagniere huit mille livres ; ce qui joint avec la rente de quatre cent livres quil possede de son chef a Paris par contrat passez chez M. Lalleu sur la compagnie des Indes, poura lui faire un sort commode, surtout sil reste aupres de madame Denis.

Je prie Monsieur Rieu de prendre dans ma biblioteque tous les livres anglais qui lui conviendront.

Je laisse a la generosité de madame Denis et de M. de Florian le soin de convenir ensemble sur ce qui pourra m’être deu par M. de Florian au jour de mon decès.

Je legue a la demoiselle Barbera huit cent livres, et a elle et

  1. Sur la page qui servait d’enveloppe à ce document étaient écrits ces seuls mots : « Mon testament. Voltaire. »