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DOCUMENTS BIOGRAPHIQUES.

ne m’a point ordonné de lui rendre compte ; par la même raison de mon état, je ne vois que fort rarement Mme  de Pompadour ; cela posé, que puis-je faire pour vous rendre cette justice que vous désirez avec tant d’ardeur ?

Je suis prêt à certifier, non-seulement aux personnes constituées en dignité, mais à quiconque voudra le savoir, que vous n’avez demandé pour votre Histoire universelle aucune permission publique ni tacite, directe ni indirecte, que vous avez même fait des démarches auprès de moi, tant par vous que par Mme  Denis, pour en empêcher le débit, démarches fort inutiles à la vérité, parce que cela ne me regarde point, et que, quand je n’ai point permis un livre, je ne me mêle pas du débit illicite qui s’en peut faire ; c’est l’affaire de la police. Je peux dire de plus que j’ai lieu de croire, d’après des lettres que j’ai vues, que le libraire Néaulme ne tient point le manuscrit de vous directement ; mais quand j’aurai dit tout cela, vous n’en serez pas plus avancé. Ceux qui sont portés à croire, malgré vos plaintes authentiques, que le manuscrit a été imprimé de votre consentement ne trouveront dans tout ce que je pourrais leur dire rien de capable de les détromper. D’ailleurs je ne sais pas si vous faites trop bien de toucher cette corde-là. Vous parlez des impressions fâcheuses que l’on a données au roi sur vous à l’occasion de cette édition. Je ne sais pas si le roi s’en occupe autant que vous le croyez… Tout ce que je sais, c’est que j’ai porté de votre part une lettre à mon père, qui ne savait pas seulement qu’on vous accusât ou non d’avoir donné les mains à cette édition de Hollande.

Pour moi, je ne puis vous donner qu’un conseil, c’est de vous tenir tranquille et de prendre garde surtout qu’on n’aille, à l’occasion de vos justifications sur l’Histoire universelle, vous attaquer sur les Annales de l’Empire, que vous ne pourrez pas désavouer. Lorsque ces deux livres auront fait tout leur effet dans le public, les amis puissants que vous avez à la cour trouveront peut-être le moment favorable pour parler de vous ; mais, jusque-là, ne vous suscitez point de nouvelles affaires, en attirant sur vous, par vos plaintes continuelles, les yeux du roi et du ministère.



XLVI.


LETTRE OU RAPPORT DE D’HÉMERY

inspecteur de police pour la librairie

À M. BERRYER[1].

30 août 1755.
  1. La lettre de d’Hémery, l’un des deux inspecteurs de la librairie, à Berryer, le lieutenant de police, relative au manuscrit des Campagnes de Louis XV, à la date du 30 août 1755, est reproduite tome XV, page 151, elle est rappelée dans la Correspondance à la date du 30 juillet (au lieu du 30 août) 1755, tome XXXVIII, page 417.