Je vous adresse les ordres du roi pour la liberté du sieur de Voltaire, détenu au château de la Bastille. Vous l’avertirez, s’il vous plaît, que l’intention de Sa Majesté est qu’il sorte incessamment de Paris, et qu’il s’en éloigne au moins de cinquante lieues, sans y pouvoir revenir que par une permission expresse de Sa Majesté, dont il vous signera sa soumission.
Ce mémoire est pour avoir l’honneur de vous dire que l’on m’a assuré que le sieur Arouet de Voltaire était revenu d’Angleterre, et qu’il avait rôdé dans le quartier. Je ne sais pas s’il voudrait se faire raison de ce qui s’est passé à son égard devant l’hôtel de Sully, mais il pourrait peut-être courir quelque risque. Comme je ne sais pas s’il a un congé pour revenir, je ne puis rien dire davantage à cet égard, et j’ai cru qu’il était de mon devoir de vous en informer.
Je vous envoie la permission que le roi a bien voulu vous accorder de rester à Paris, vaquer à vos affaires pendant neuf mois. Comme ce temps est limité par le jour de votre arrivée, vous aurez soin de m’en avertir ; je ne doute pas que vous n’y teniez une conduite capable d’effacer les impressions qu’on a données contre vous à Sa Majesté, et que l’avis que je vous en donne ne vous touche assez pour y donner toute votre attention.