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DOCUMENTS BIOGRAPHIQUES.

— Si, lorsque le sieur Beauregard lui parla de cette inscription, il ne lui demanda pas avec un sourire si on l’avait trouvée belle ?

— Il ne s’en souvient point, mais qu’il croit que non.

— S’il ne fit pas cette même réponse par rapport à d’autres vers insolents et calomnieux qui avaient été faits sur le premier prince et sur la première princesse du royaume[1] ?

— Il ne s’en souvient pas bien précisément.

— Il est vrai que Beauregard lui marqua qu’on avait mis sur le compte du répondant cette inscription, il n’est pas même impossible qu’il ne lui ait parlé de quelques vers dans le même sens ; mais comme il n’a fait ni les vers ni l’inscription, que même il déteste l’une et l’autre, il ne s’est pas fort attaché à conserver l’idée de cet entretien ; sur quoi il se croit obligé de nous observer que ledit officier ne se connaît pas mieux en prose qu’en vers, et qu’il n’est point versé dans les belles-lettres.

— Si la réponse qu’il fit au dernier discours ne fut pas que lui, sieur de Beauregard, avait tort de ne pas croire le répondant l’auteur de cette inscription et de quelques-uns de ces vers, puisque c’était lui véritablement qui les avait composés pendant son absence de Paris ?

— Il n’y a rien au monde de si faux.

— S’il ne dit pas encore qu’afin que M. le duc d’Orléans et les ennemis de lui, répondant, ne crussent pas que c’était lui qui avait fait cette inscription latine et ces vers exécrables, il avait quitté Paris, pendant le carnaval, pour se retirer à la campagne, où il a fait un séjour de deux mois ?

— C’est la plus insigne calomnie dont il ait jamais entendu parler.



XII.


LE ROI (LOUIS XV) À BERNAVILLE[2].

Je vous écris cette lettre, de l’avis de mon oncle le duc d’Orléans, pour vous dire que mon intention est que vous mettiez en liberté le sieur Arouet, que vous détenez par mon ordre dans mon château de la Bastille.

10 avril 1718[3].

L’intention de Son Altesse royale est que le sieur Arouet fils, prisonnier à la Bastille, soit rendu libre et relégué au village de Châtenay, près Sceaux, où son père, qui a une maison de campagne, offre de l’y retenir.

[de Machaut.]
  1. Ces vers sont tome X, pages 473, 474.
  2. Archives de la Bastille, tome XII, page 92.
  3. Voltaire resta donc dix mois à la Bastille.