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PRÉFACE GÉNÉRALE

XLIV. C’est en 1823 que M. Dalibon annonça une édition en soixante-quinze volumes, mais qui devait évidemment en avoir davantage, à en juger par la distribution des premiers volumes. Je présumai dès lors qu’elle en aurait quatre-vingt-seize. Je me trompais ; elle n’en a que quatre-vingt-quinze, plus deux volumes de tables par M. Miger, qui ont paru en 1834.

Le second prospectus était fait pour séduire. On lisait en tête les noms de MM. Arago, Auguis, Clogenson, Daunou, L. Dubois, Étienne, Ch. Nodier ; ceux de MM. François de Neufchâteau et V. Le Clerc furent ajoutés sur les frontispices des premiers volumes. Cependant MM. Arago, Étienne, François de Neufchâteau et V. Le Clerc n’ont pas mis une seule note dans l’édition. M. Daunou a donné quelques préfaces et a laissé reproduire son excellent travail sur la Henriade ; quant à ses notes sur l’Essai sur les Mœurs, elles sont en si petit nombre qu’il est évident qu’elles ont été faites dans des lectures passagères ou accidentelles, et qu’elles ne sont pas le résultat d’un travail suivi, qui eût été bien précieux venant d’un telle plume.

M. Charles Nodier a fait la préface des Romans, sans aucun travail sur ces ouvrages.

M. Auguis a ajouté des préfaces et notes à quelques-uns des ouvrages historiques.

La plus grande part est restée à MM. Clogenson et L. Dubois. Les notes de M. Clogenson se recommandent par l’exactitude. Il en a mis de très-intéressantes aux Annales de l’Empire et à la Correspondance dont il s’était chargé. Malheureusement les fonctions publiques absorbant tous ses moments dans des temps difficiles, il a mieux aimé abandonner l’entreprise que la mal continuer.

M. L. Dubois qui, dans l’édition, avait donné des soins au Théâtre, à la Pucelle, aux Poésies, au Dictionnaire philosophique, etc., et qui précédemment avait été mon continuateur dans l’édition en cinquante ou soixante volumes in-12, a été aussi le continuateur de M. Clogenson. Sans doute ses fonctions de sous-préfet ne lui ont pas laissé tout le loisir nécessaire. Son travail est bien au-dessous de celui de son prédécesseur. Si l’on peut improuver la profusion des notes et la vivacité de quelques expressions dans ce qu’a fait M. Clogenson, il faut avouer que M. L. Dubois s’est bien mis à l’abri de tels reproches. La disette et l’inexactitude de ses notes sont fréquentes. Il prend un ton doctoral pour relever les fautes de ses devanciers, et signale soigneusement des améliorations qu’il donne pour siennes. Mais il est arrivé que les corrections n’étaient pas de lui, ou que même ce n’étaient que des fautes[1].

  1. Ainsi, dans la lettre de Voltaire à d’Argental du 19 juillet 1773, au lieu de :

    Monsieur l’évêque de Noyon,


    il a mis :

    Monsieur l’évêque de Nyon,


    puis a ajouté en note :

    « Tous nos prédécesseurs ont mal à propos imprimé ici, et dans les vers qui suivent, l’évêque de Noyon. »

    Ce mal à propos est lui-même un mal à propos, car il n’y avait point d’évêché à Nyon, et il y en avait un à Noyon. (B.) — Voyez tome XLVIII, page 421.