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DE BEUCHOT.

On pense bien que ce Dictionnaire philosophique, inconnu, à ce qu’il paraît, à Palissot, n’a pas été compris dans son édition de Voltaire, quelque piquant qu’il soit.

Avide de trouver des torts aux éditeurs de Kehl, et recherchant toutes les occasions de faire autrement qu’eux, il voulut donner les Lettres philosophiques. Il fait sonner bien haut qu’il les rétablit telles que l’auteur les avait composées dans toute la force de son génie, et dans l’ordre qu’il leur avait donné. Mais les Lettres philosophiques n’ont jamais été tout au plus qu’au nombre de vingt-sept[1] ; et sous ce titre Palissot donna trente-neuf morceaux, dans l’ordre où ils étaient parmi les Mélanges de philosophie dans les éditions de 1775 et antérieures.

Quelque mauvaise que soit l’édition de Palissot, elle n’était pas à dédaigner à cause des préfaces mises par l’éditeur à ceux des ouvrages de Voltaire qu’il a compris dans sa collection. Ces préfaces, dans lesquelles il se montre homme d’esprit et de goût, ont été recueillies sous ce titre : Le génie de Voltaire apprécié dans tous ses ouvrages, 1806, in-8o et in-12.

On projeta, en 1800, une édition stéréotype des Œuvres de Voltaire. Il en a été successivement publié soixante-neuf volumes in-18. Pour être complète, l’édition ne peut avoir moins de cent trente volumes. Elle paraît abandonnée, ou du moins indéfiniment ajournée.

Une autre édition stéréotype, in-12, fut commencée en 1810 ; mais il n’en a paru que quelques volumes.

Je n’ai donc pu comprendre ces impressions au nombre des éditions de Voltaire.


XXXIV. Feu Desoër émit, en 1817, le prospectus d’une édition de Voltaire en 12 volumes in-8o, qu’il fit bientôt paraître ; chaque volume est en deux parties, et il en est de très-grosses. L.-S. Auger avait consenti à se charger de cette édition ; mais l’impatience du public et du libraire ne lui permit pas de faire ce qu’il fallait. Ce qui fut fait est plutôt l’ouvrage du libraire. C’est Desoër qui, croyant rétablir les Lettres philosophiques, donna, à l’exemple de Palissot, trente-neuf articles, dont plusieurs n’ont aucun rapport à ces Lettres. Il refondit dans la Correspondance les lettres formant les deux volumes publiés en 1808 sous le titre de Supplément au recueil des Lettres de M. de Voltaire ; il ajouta la correspondance de Bernis avec Voltaire, en conservant les lettres des deux correspondants. Il se procura les lettres, alors inédites, de Voltaire à d’Olivet, et en enrichit son édition. Les douze volumes se relient souvent en vingt-quatre. Une table très-ample, et par cela seul très-utile, quoique fautive quelquefois, fut rédigée par Alexandre Goujon, et forme le treizième ou le vingt-cinquième volume.

Un mandement des grands vicaires du diocèse de Paris donna de la vogue à cette édition, et fit naître l’idée d’en entreprendre d’autres. Ce fut une véritable voltairomanie.

  1. Voyez ce que dit Beuchot, tome XXII, pages 80-81.