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PRÉFACE GÉNÉRALE


DE BEUCHOT[1]
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Lorsqu’en 1802 j’allai, au nom d’un de mes amis, proposer à La Harpe, alors exilé à Corbeil, de donner une édition des Œuvres choisies de Voltaire en vingt ou vingt cinq volumes in-8o, je ne me doutais guère que je serais un jour éditeur des Œuvres complètes. La Harpe mourut au commencement de 1803. Fontanes, qui n’était pas encore grand seigneur, demandait à le remplacer. Mais le nom de La Harpe était le seul qui pût laisser l’espoir d’introduire l’édition dans des lieux et des pays d’où les écrits de Voltaire étaient exclus.

Bientôt arriva le règne de Napoléon : personne ne pensait alors à augmenter le nombre déjà très-grand des éditions de Voltaire.


I. C’est en 1728 qu’avait été annoncée la première. Elle était intitulée Œuvres de M. Arouet de Voltaire, et formait un seul volume petit in-12[2].

Les libraires P. Gosse et J. Néaulme, de la Haye, qui vendaient cette édition, n’avaient imprimé que des frontispices, en réunissant les impressions des ouvrages publiés séparément.

Voici dans quels termes on parle de cette collection dans la Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants de l’Europe, tome Ier, page 158 :

« Ce volume peut passer pour un monument de l’avarice ou pour mieux dire de la lésine bibliopolaire. De deux ouvrages déjà imprimés, auxquels on a joint la Henriade, on a fait ce recueil des Œuvres de M. Arouet. L’Œdipe, la critique, un sonnet, et quelques couplets, avaient été imprimés chez Rogissard en 1749 ; la Mariamne, et le Mauvais Ménage, chez Néaulme, en 1726. Ce dernier libraire ayant acheté l’Œdipe du premier, l’a joint à la Mariamne ; et pour avoir toutes les œuvres du même poète dans un volume, il y a fait ajouter, cette année-ci, la Henriade, sur l’édition qui en a été faite à Londres chez Prévôt ; en sorte que ce volume est un assez mauvais composé de pièces et de morceaux. Quand je dis mauvais, c’est relativement au libraire et à la direction de l’impression : car c’est un livre sans marge et sans fond, et tout au plus propre à être manié par des écoliers ou par un souffleur de la comédie.

  1. Nous n’avons retranché de cette préface que quelques lignes, concernant des dispositions matérielles qui ne pouvaient s’appliquer en rien à l’édition présente. (L. M.)
  2. Contenant Œdipe (avec les six premières lettres sur Œdipe ; et le ballet de la Sottise, un sonnet, et deux couplets, objets qui ne sont pas de Voltaire), Hérode et Mariamne, le Mauvais Ménage (par Legrand et Dominique), la Henriade et sa critique. Il existe des exemplaires reliés en deux volumes : la Henriade et sa critique sont dans l’un ; Œdipe, Hérode et Mariamne, le Mauvais Ménage, dans l’autre. (B.)