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ACTE III, SCÈNE VI.

VARIANTES DE ZULIME. 77

Ah ! sif malgré la loi qui toujours noua sépare, La loi des nations parle à ton cœur barbare ; Si la mourante Toix d*un père au désespoir, Si rhorreur de ton crime a de quoi Vémouvoir, Sois sensible à mes pleurs plutôt qu’à ma colère : Mes trésors sont à toi, je suis ton tributaire, Rends-moi mon sang, rends-moi ce trésor précieux. Sans qui pour moi la vie est un poids odieux ; Et ne déchiro point ces blessures mortelles Qu*au plus tendre des cœurs ont fait tes mains cruelles.

  • Tu ne me réponds rien, barbare !

BAM IBB.

Écoute-moi.

  • En la rendant aux mains d*un si vertueux père...

BitNASSAB.

  • Toi, Ramire ?

HAMIBR.

Zulime est un objet sacré

  • Que mes profanes yeux n*ont point déshonoré :

" £t si dans ton courroux je te croyais capable

  • D’oublier pour jamais que ta fille est coupable ;
  • Si ton cœur généreux pouvait se désarmer,
  • Chérir cncor Zulime...

B^NASSAB.

Ah ! si je puis Taimer I

  • Que me demandes-tu ? conçois-tu bien la joie

D’un malheureux vieillard à sa douleur en proie, A qui Ton a ravi le plus pur de son sang,

Un bien plus précieux que Téclat de son rang. L’unique et cher objet qui, dans cette contrée, Soutenait de mes ans la faiblesse honorée ; Et qui, poussant au ciel tant de cris superflus,

  • Reprend sa fllle enfin quand il ne Tattend plus ?

Moi, ne la plus chérir ! jeune et noble infidèle. Crois les emportements d’une &me paternelle :

Crois mes serments, Ramire, et ces pleurs que tu vois.

Parmi les Africains, je tiens le rang des rois :

Je le dois à sa mère, et ma chère Zulime

N*a point perdu’ses droits, quel qu’ait été son crime.

Et toi, de tous mes maux cruel mais cher auteur.

Va, Bénassar en toi ne vois qu’un bienfaiteur.

Je te crois, je me livre au transport qui m’anime.

B à M I B B.

Goûte un plaisir plus pur, et vois quelle est Zulime. Autant que ta bonté te presse en sa faveur, Autant la voix du sang sollicitait son cœur.

  • Tu coûtas plus de pleurs à son àme séduite
  • Que n’en coûte à tes yeux sa déplorable fuite.
  • Le temps fera le reste, et tu verras un jour
  • Qu’il soutient la nature, et qu’il détruit l’amour.

Entre son père et moi son &me déchirée

Dans ses saci*éa devoirs sera bientôt rentrée. Mais dis, peox-tu toi-même à ces bords ennemis