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76 VARIANTES DE ZULIME.

RAMIKE.

Gardez-vous de m*offrir un bienfait si barbare ? Périssent des bontés dont Texcès tous égare ! Venez, votre péril est tout ce que je vois.

ALIDE.

Non, Je cours lui parler ; Je le veux, Je le dois.

RAMIRB.

Je ne vous quitte point.

ALIDB.

Vous vous perdeZf Ramirc. Arrêtez, Je Tordonne.

RAlfIRB.

Ah ! plutôt que J’expire ! Je vous suis, chère Alide.

SCÈNE IV.

RAMIRE, BÉNASSAR

BéllASSAR.

Arrête^ malheureux !

RAXIRB.

Que vois- je ! Que veux- tu ?

BiNASSAR.

Cruel, ce que Je veux ! Après les attentats de cette fuite infâme. Quelque reste d’honneur entre-t-il dans ton &mc ?

RAMIRB.

C’est à toi d’en juger quand tu vois que mon bras Pardonne à cet outrage, et ne t’en punit pas. L’honneur est dans un cœur qui brava la misère.

BÉNASSAR.

  • Tu ne braves, ingrat, que les larmes d’un père ;

Ta barbarie insulte à ce cœur déchiré.

  • Tu pars, et cet assaut est encor difTéré.

J*ai craint, tu le vois trop, qu’en vengeant ma famille, Quoique trait malheureux ne tomb&t sur ma fille. Je t’avoue encor plus : sur ce triste rempart, Mes soldats, tu le vois, arriveraient trop tard.

  • La mer t’ouvre ses flots pour enlever ta proie.
  • Eh bien ! prends donc pi lié des pleurs où je me noie :

Connais le cœur d’un père, et conçois sa douleur :

Je m’abaisse à prier Jusqu’à son ravisseur. Tu m’enlèves mon sang : ta détestable adresse Déshonore à la fois ma fille et ma vieillesse. Suborneur malheureux, ma funeste bonté Adoucissait le poids de ta captivité : Je t’aimais, et tu sais qu’aux murs de Trémizène De mes voisins pour toi J’avais cherché la haine. Je t’ai traité quinze ans comme mon propre fils, J’ai protégé ton sang contre tes ennemis.