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ZULIME.

(A Atido.)

J’admire en périssant jusqu’à ton amour même : C’est à moi de mourir, puisque c’est toi qu’on aime.

(▲ R&mire et à Atide.)

Eh bien ! soyez unis ; en bien ! soyez heureux, Aux dépens de ma vie, aux dépens de mes feux’. Éloignez-vous, fuyez, dérobez à ma vue Ce spectacle effrayant d’un bonheur qui me tue. Votre joie est horrible, et je ne puis la voir : Fuyez, craignez encor Zulime au désespoir. Mon père, ayez pitié du moment qui me reste ; Sauvez mes yeux mourants d’un spectacle funeste.

(BUo tombe sur sa confidente)

ATIDE.

Nos deux cœurs sont à vous.

RAMIRE.

Vivez sans nous haïr.

ZULIME.

Moi, te haïr, cruel ! ah ! laisse-moi mourir ! Va, laisse- moi.

BÉNASSAR.

Ma fille, objet funeste et tendre. Mérite enfin les pleurs que tu nous fais répandre.

ZULIME.

Mon père, par pitié, n’approchez point de moi. J’abjure un lâche amour qui vous ravit ma foi^ : Hélas ! vous n’aurez plus de reproche à me faire.

BÉNASSAR.

Mon amitié t’attend, mon cœur s’ouvre.

1. Dans sa lettre du 19 décembre 1766, Voltaire rapporte ces deux vers t

Je mears sans vous haïr. Ramire, sois heureux AuK dépens du ma vie, aux dépens de mes feux,

et blàmc le dernier hémistiche, qu*il semble attribuer aux comédiens, et qui se trouve pourtant dans les éditions de 1763, 1768, 1775. (B.).

2. Voltaire, dans sa lettre à d*Ârgental, du 15 auguste 1761, dit que M°"^ Denis a toujours ainsi récité ce vers. J’ai donc rejeté Thémistiche

Il triompha de moi,

qui est dans toutes les éditions, le vers précédent finissant aussi par le mot moi.

Quant à la variante :

Qui me tient sous sa loi,

Voltaire, dans la lettre que je viens de citer, dit qu’il faut que ce soit Fréron qui Tait conservée. (B.)

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