Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée
61
ACTE III, SCÈNE VI.

C’est par toi que mon nom, mon État, ma famille,

Sont accablés de honte ; et, pour comble d’horreur,

Il faut verser mon sang pour venger mon honneur.

Après l’horrible éclat d’une amour effrénée,

Il ne reste qu’un choix, la mort ou l’hyménée.

Je dois tous deux vous perdre, ou la mettre en tes bras.

Sois son époux, Ramire, et règne en mes États.

RAMIRE.

Moi !

ZULIME.

Mon père !

ATIDE.

Ah î grand Dieu !

BÉNASSÀR.

Souvent dans nos provinces On a vu nos émirs unis avec nos princes ; L’intérêt de l’État l’emporta sur la loi. Et tous les intérêts parlent ici pour Jtoi. J’ai besoin d’un appui : combats pour nous défendre ; Vis pour elle et pour moi ; sois mon fils, sois mon gendre.

ZULIME.

Ah, seigneur ! ah, Ramire ! ah, jour de mon bonheur !

ATIDE.

jour affreux pour tous !

RAMIRE.

Vous me voyez, seigneur, Accablé de surprise, et confus d’une grâce Qui ne semblait pas due à ma coupable audace. Votre fille sans doute est d’un prix à mes yeux Au-dessus des États conquis par mes aïeux : Maisi pour combler nos- maux, apprenez l’un et l’autre Le secret de ma vie, et mon sort, et le vôtre. Quand Zulime a daigné, par un si noble effort. Sauver Atide et moi des fers et de la mort, Idamore, un ami qu’aveuglait trop de zèle, Séduisait sa pitié qui la rend criminelle. Il promettait mon cœur, il promettait ma foi ; Il n’en était plus temps, je n’étais plus à moi ; Le ciel mit entre nous d’éternelles barrières. En vain j’adore en vous le plus tendre des pères. En vain vous m’accablez de gloire et de bienfaits, Je ne puis réparer les malheurs que j’ai faits,