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M. Gripon.

La chose est consommée.Oh ! oui : je me propose
De produire au grand jour ma Phlipotte et Phlipot.
Ils viennent.

M. Duru.

Ils viennent.Quels discours !

M. Gripon.

Ils viennent. Quels discours !Tout est prêt en un mot.

M. Duru.

Morbleu, vous vous moquez ; tout est fait.

M. Gripon.

Morbleu, vous vous moquez ; tout est fait.Çà, compère,
Votre femme est instruite et prépare l’affaire.

M. Duru.

Je n’ai point vu ma femme : elle dort, et mon fils
Dort avec votre fille ; et mon gendre au logis
Avec ma fille dort ; et tout dort. Quelle rage
Vous a fait cette nuit presser ce mariage ?

M. Gripon.

Es-tu devenu fou ?

M. Duru.

Es-tu devenu fou ?Quoi ! mon fils ne tient pas
À présent dans son lit Phlipotte et ses appas ?
Les noces cette nuit n’auraient pas été faites ?

M. Gripon.

Ma fille a cette nuit repassé ses cornettes :
Elle s’habille en hâte ; et mon fils son cadet,
Pour épargner les frais, met le contrat au net.

M. Duru.

Juste ciel ! quoi ! ton fils n’est pas avec ma fille ?

M. Gripon.

Non, sans doute.

M. Duru.

Non, sans doute.Le Diable est donc dans ma famille.

M. Gripon.

Je le crois.

M. Duru.

Je le crois.Ah ! fripons ! femme indigne du jour !
Vous payerez bien cher ce détestable tour !
Lâches, vous apprendrez que c’est moi qui suis maître.
Approfondissons tout ; je prétends tout connaître :
Fais descendre mon fils : va, compère, dis-lui