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ACTE III, SCÈNE VI.

Je vais, en punissant leurs fureurs insensées, Égaler ma justice à mes bontés passées.

MOHADIR.

Je frémis comme tous de tous ces attentats

Que Tamour fait commettre en nos brûlants climats.

En tout lieu dangereux, il est ici terrible ;

Il rend plus furieux, plus on est né sensible.

Ramire cependant, à ses erreurs livré,

De leurs cruels poisons semble moins enivré ;

Vous-même Tavez dit, et j’ose le redire.

Que ce même ennemi, ce malheureux Ramire,

Est celui dont le bras vous avait défendu ;

Qu’il n’a point aujourd’hui démenti sa vertu ;

Que vous l’avez vu même, en ce combat horrible,

Dans ces moments cruels où l’homme est inflexible,

Où les yeux, les esprits, les sens, sont égarés.

Détourner loin de vous ses coups désespérés,

Respecter votre sang, vous sauver, vous défendre,

Et d’un bras assuré, d’un cri terrible et tendre,

Arrêter, désarmer ses amis emportés.

Qui levaient contre vous leurs bras ensanglantés.

Oui, j’ai vu le moment où, malgré sa colère,

Il semblait en effet combattre pour son père.

BÉNASSAR.

Ah ! que n’a-t-il plutôt dans ce malheureux flanc

Recherché, de ses mains, le reste de mon sang !

Que ne l’a-t-il versé, puisqu’il le déshonore I

Mais ma cruelle fille est plus coupable encore.

Ce cœur, en un seul jour à jamais égaré,

Est hardi dans sa honte, est faux, dénaturé ;

Et, se précipitant d’abîmes en abîmes.

Elle à contre son père accumulé les crimes.

Que di&-je ? au moment même où tu viens en son nom

De tant d’iniquités implorer le pardon,

Son amour furieux la fait courir aux armes.

Les suborneurs appas de ses trompeuses larmes

Ont séduit les soldats à sa garde commis ;

Sa voix a rassemblé ses perfides amis.

Elle vient m’arracher son indigne conquête ;

Les armes dans les mains, elle marche à leur tête.

Cet amour insensé ne connaît plus de frein ;

Zulime contre un père ose lever sa main I