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M. Duru.

Vous tenez donc maison ? Oui.Mais de quelle espèce ?
Et dans cette maison que fait-on, s’il vous plaît ?

Marthe.

De quoi vous mêlez-vous ?

M. Duru.

De quoi vous mêlez-vous ?J’y prends quelque intérêt.

Marthe.

Vous, monsieur ?

M. Duru.
(À part.)

Vous, monsieur ?Oui, moi-même. Il faut que je hasarde
Un peu d’or de ma poche avec cette égrillarde :
Ce n’est pas sans regret ; mais essayons enfin.

(Haut.)

Monsieur Duru vous fait ce présent par ma main.

Marthe.

Grand merci.

M. Duru.

Grand merci.Méritez un tel effort, ma belle ;
C’est à vous de montrer l’excès de votre zèle
Pour le patron d’ici, le bon monsieur Duru,
Que, par malheur pour vous, vous n’avez jamais vu.
Quelque amant, entre nous, a, pendant son absence,
Produit tous ces excès avec cette dépense !

Marthe.

Quelque amant ! vous osez attaquer notre honneur ?
Quelque amant ! À ce trait, qui blesse ma pudeur,
Je ne fais qui me tient, que mes mains appliquées
Ne soient sur votre face avec cinq doigts marquées.
Quelque amant, dites-vous ?

M. Duru.

Quelque amant, dites-vous ?Eh ! pardon.

Marthe.

Quelque amant, dites-vous ? Eh ! pardon.Apprenez
Que ce n’est pas à vous à fourrer votre nez.
Dans ce que fait madame.

M. Duru.

Dans ce que fait madame.Eh ! mais…

Marthe.

Dans ce que fait madame. Eh ! mais…Elle est trop bonne,
Trop sage, trop honnête, et trop douce personne ;