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566 SÉMIRAMIS.

NINIAS.

Quelle victime, ô ciell a donc frappé ma rage ?

AZÉMA.

Ahl fuyez, cher époux !

MITRANE.

Qu’avez- vous fait ?

OROÈS, te mettant entre le tombeau et Ninias.

Sortez ; Venez purifier vos bras ensanglantés ; Remettez dans mes mains ce glaive trop funeste, Cet aveugle instrument de la fureur céleste.

NINIAS, courant ver* Sémiramis.

Ahl cruels ! laissez-moi le plonger dans mon cœur.

ORO Es, tandis qu’on désarme Ninias.

Gardez de le laisser à sa propre fureur.

SÉMIRAMIS, qu’on fait avancer, et qu’on place sur un fauteuil.

Viens me venger, mon fils : un monstre sanguinaire. Un traître, un sacrilège, assassiné ta mère.

NINIAS.

jour de la terreur I ô crimes inouïs ! Ce sacrilège affreux, ce monstre, est votre fils. Au sein qui m’a nourri cette main s’est plongée ; Je vous suis dans la tombe, et vous serez vengée.

SÉMIRAMIS.

Hélas ! j’y descendis pour défendre tes jours. Ta malheureuse mère allait à ton secours... J’ai reçu de tes mains la mort qui m’était due.

NINIAS.

Ah ! c’est le dernier trait à mon âme éperdue. J’atteste ici les dieux qui conduisaient mon bras. Ces dieux qui m’égaraient...

SÉMIRAMIS.

Mon fils, n’achève pas : Je te pardonne tout si, pour grâce dernière, Une si chère main ferme au moins ma paupière.

(Il se jette à genoux.)

Viens, je te le demande, au nom du même sang Qui t’a donné la vie, et qui sort de mon flanc. Ton cœur n’a pas sur moi conduit ta main cruelle. Quand Ninus expira, j’étais plus criminelle : J’en suis assez punie. Il est donc des forfaits Que le courroux des dieux ne pardonne jamais !