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562 SËMIRÂMIS.

AZÉMA.

Vous n’irez point dans ce lieu redoutable ; Un traître y tend pour vous un piège inévitable.

NINIAS.

Qui peut me retenir ? et qui peut m’effrayer ?

AZÉMA.

C’est vous que dans la tombe on va sacrifier ; Assur, rindigne Assur a d’un pas sacrilège Violé du tombeau le divin privilège : Il vous attend.

NINIAS.

Grands dieux I tout est donc éclairci I Mon cœur est rassuré, la victime est ici. Mon père, empoisonné par ce monstre perfide, Demande à haute voix le sang du parricide. Instruit par le grand-prètre, et conduit par le ciel, Par Ninus même armé contre le criminel, Je n’aurai qu’à frapper la victime funeste Qu’amène à mon courroux la justice céleste. Je vois trop que ma main, dans ce fatal moment, D’un pouvoir invincible est l’aveugle instrument. Les dieux seuls ont tout fait, et mon âme étonnée S’abandonne à la voix qui fait ma destinée. Je vois que, malgré nous, tous nos pas sont marqués ; Je vois que des enfers ces mânes évoqués Sur le chemin du trône ont semé les miracles : J’obéis sans rien craindre, et j’en crois les oracles.

AZÉMA.

Tout ce qu’ont fait les dieux ne m’apprend qu’à frémir ; Us ont aimé Ninus, ils Font laissé périr.

NINIAS.

Ils le -vengent enfin : étouffez ce murmure.

AZÉMA.

Ils choisissent souvent une victime pure ;

Le sang de l’innocence a coulé sous leurs coups.

NINIAS.

Puisqu’ils nous ont unis, ils combattent pour nous. Ce sont eux qui parlaient par la voix de mon père. Ils me rendent un trône, une épouse, une mère ; Et, couvert à vos yeux du sang du criminel. Ils vont de ce tombeau me conduire à l’autel. J’obéis, c’est assez, le ciel fera le reste.