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5o8 SËMIRAMIS.

Le détestable Assur sait-Il ce qui se passe ? N’a-t-on rien attenté ? sait-on quel est Arzace ?

OTANE.

Non ; ce secret terrible est de tous ignoré :

De Tombre de Ninus Poracle est adoré ;

Les esprits consternés ne peuvent le comprendre.

Comment servir son fils ? Pourquoi venger sa cendre ?

On rignore, on se tait. On attend ces moments

Où, fermé sans réserve au reste des vivants,

Ce lieu saint doit s’ouvrir pour finir tant d’alarmes.

Le peuple est aux autels ; vos soldats sont en armes.

Azéma, pâle, errante, et la mort dans les yeux,

Veille autour du tombeau, lève les mains aux cieux.

Ninias est au temple, et d’une âme éperdue

Se prépare à frapper sa victime inconnue.

Dans ses sombres fureurs Assur enveloppé.

Rassemble les débris d’un parti dissipé :

Je ne sais quels projets il peut former encore.

SÉMIRAMIS.

Ah ! c’est trop ménager un traître que j’abhorre ;

Qu’Assur chargé de fers en vos mains soit remis :

Otane, allez livrer le coupable à mon fils.

Mon fils apaisera l’éternelle justice

En répandant du moins le sang de mon complice :

Qu’il meure ; qu’Azéma, rendue à Ninias,

Du crime de mon règne épure ces climats.

Tu vois ce cœur, Ninus, il doit te satisfaire ;

Tu vois du moins en moi des entrailles de mère.

Ah ! qui vient dans ces lieux à pas précipités ?

Que tout rend la terreur à mes sens agités !

SCENE II.

SËMIRAMIS, AZÉMA.

AZÉMA.

Madame, pardonnez si, sans être appelée, De mortelles frayeurs trop justement troublée. Je viens avec transport embrasser vos genoux.

SÉMIRAMIS.

Ah, princesse ! parlez, que me demandez-vous ?