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ACTE IV, SCÈNE IV. 5)5

ARZACE.

Cessez... À chaque mot vous trouveriez la mort.

SÉMIRAMIS.

N’importe ; éclaircissez ce doute qui m’accable ; Ne me résistez plus, ou je vous crois coupable.

ARZACE.

Dieux, qui conduisez tout, c’est vous qui m’y forcez !

s É M 1 R à M I s, prenant le billet.

Pour la dernière fois, Arzace, obéissez.

ARZACE.

Eh bien ! que ce billet soit donc le seul supplice Qu’à son crime, grand dieu, réserve ta justice !

(Sémiramis lit.)

Vous allez trop savoir, c’en est fait.

SÉMIRAMIS, iOtane.

Qu’ai-je lu ? Soutiens-moi, je me meurs.

ARZACE.

Hélas ! tout est connu.

SÉMIRAMIS, revenant à elle, après un long silence.

Eh bien ! ne tarde plus ; remplis ta destinée ; Punis cette coupable et cette infortunée ; Étouffe dans mon sang mes détestables feux. La nature trompée est horrible à tous deux. Venge tous mes forfaits ; venge la mort d’un pore ; Reconnais-moi, mon fils ; frappe, et punis ta mère.

ARZACE.

Que ce glaive plutôt épuise ici mon flanc De ce sang malheureux formé de votre sang ! Qu’il perce de vos mains ce cœur qui vous révère, Et qui porte d’un fils le sacré caractère !

SÉMIRAMIS, so jetant à genoax.

Ah ! je fus sans pitié ; sois barbare à ton tour ;

Sois le fils de Ninus en m’arrachant le jour :

Frappe. Mais quoi ! tes pleurs se mêlent à mes larmes !

Ninias ! ô jour plein d’horreur et de charmes !...

Avant de me donner la mort que tu me dois.

De la nature encor laisse parler la voix :

Souffre au- moins que les pleurs de ta coupable mère

Arrosent une main si fatale et si chère.

ARZACE.

Ah ! je suis votre fils ; et ce n’est pas à vous.