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554 SÉMIRAMIS.

De moment en moment vous glace ? mon courage ; Et vos yeux alarmés me causent plus d’effroi Que le ciel et les morts soulevés contre moi. Je tremble en vous offrant ce sacré diadème ; Ma bouche en frémissant prononce : « Je vous aime ; » D’un pouvoir inconnu l’invincible ascendant M’entraîne ici vers vous, m’en repousse à l’instant, . Et, par un sentiment que je ne puis comprendre. Mêle une horreur affreuse à l’amour le plus tendre.

ARZACE.

Haïssez-moi.

SÉMIRAMIS.

Cruel ! non, tu ne le veux pas. Mon cœur suivra ton cœur, mes pas suivront tes pas. Quel est donc ce billet que tes yeux pleins d’alarmes Lisent avec horreur, et trempent de leurs larmes ? Contient-il les raisons de tes refus affreux ?

ARZACE.

Oui.

SÉMIRAMIS.

Donne.

ARZACE.

Ah ! je ne puis... osez-vous ?

SÉMIRAMIS.

Je le veux.

ARZACE.

Laissez-moi cet écrit horrible et nécessaire...

SÉMIRAMIS.

D’où le tiens-tu ?

ARZACE.

Des dieux.

SÉMIRAMIS.

Qui l’écrivit ?

ARZACE.

Mon père.

SÉMIRAMIS.

Que me dis-tu ?

ARZACE.

Tremblez !

SÉMIRAMIS.

Donne : apprends-moi mon sort.