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ACTE IV, SCÈNE II. 549

Eh bien I voici l’instant que je vous ai promis. Connaissez vos destins, et cette. femme impie.

ARZACE.

Grands dieux I

ORGES.

De son époux elle a tranché la vie.

ARZACE.

Elle ! la reine !

OROÈS.

Assur, l’opprobre de son nom, Le détestable Assur a donné le poison.

ARZACE, après un peu de silence.

Ce crime dans Assur n’a rien qui me surprenne ; Mais croirai-je en effet qu’une épouse, une reine, L’amour des nations, l’honneur des souverains, D’un attentat si noir ait pu souiller ses mains ? A-t-on tant de vertus après un si grand crime ?

OROÈS.

Ce doute, cher Arzace, est d’un cœur magnanime ; Mais ce n’est plus le temps de rien dissimuler : Chaque instant de ce jour est fait pour révéler Les effrayants secrets dont frémit la nature : Elle vous parle ici ; vous sentez son murmure ; Votre cœur, malgré vous, gémit épouvanté. Ne soyez plus surpris si Ninus irrité Est monté de la terre à ces voûtes impies : Il vient briser des nœuds tissus par lesvFuries ; Il vient montrer au jour des crimes impunis ; Des horreurs de l’inceste il vient sauver son fils : Il parle, il vous attend ; Ninus est votre père ; Vous êtes Ninias ; la reine est votre mère.

ARZACE.

De tous ces coups mortels en un moment frappé. Dans la nuit du trépas je reste enveloppé. Moi, son fils ? moi ?

OROÈS.

Vous-même : en doutez-vous encore ? Apprenez que Ninus, à sa dernière aurore, Sûr qu’un poison riiortel en terminait le cours, Et que le même crime attentait sur vos jours. Qu’il attaquait en vous les sources de la vie. Vous arracha mourant à cette cour impie.