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546 SÉMIRAMIS.

Sémiramis m’est chère ; oui, je dois Tavouer ; Votre bouche avec moi conspire à la louer. Nos yeux la regardaient comme un dieu tutélaire Qui de nos chastes feux protégeait le mystère. C’est avec cette ardeur, et ces vœux épurés, Que peut-être les dieux veulent être adorés. Jugez de ma surprise au choix qu’a fait la reine ; Jugez du précipice où ce choix nous entraîne ; Apprenez tout mon sort.

AZÉMA.

Je le sais.

ARZAGE.

Apprenez Que l’empire ni vous ne me sont destinés. Ce fils qu’il faut servir, ce fils de Ninus même, Cet unique héritier de la grandeur suprême...

AZÉMA.

£h bien ?

ARZAGE.

Ce Ninias, qui, presque en son berceau. De l’hymen avec vous alluma le flambeau, Qui naquit à la fois mon rival et mon maître...

AZÉMA.

Ninias !

ARZAGE.

Il respire, il vient, il va paraître.

AZÉMA.

Ninias, juste ciel ! Eh quoil Sémiramis...

ARZAGE.

Jusqu’à ce jour trompée, elle a pleuré son ûls.

AZÉMA.

Ninias est vivant !

ARZAGE.

C’est un secret encore Renfermé dans le temple, et que la reine ignore.

AZÉMA.

Mais Ninus te couronne, et sa veuve est à toi.

ARZAGE.

Mais son ûls est à vous ; mais son ûls est mon roi ; Mais je dois le servir. Quel oracle funeste !

AZÉMA.

L’amour parle, il suffit : que m’importe le reste ?